ESTELLE MELIN
« Et si c’était normal de se mettre à poil ? »
S’épiler, ça peut faire mal, très mal ; c’est cher et ça prend du temps, alors pourquoi on s’impose ça ?
« Janvier 2025. Je me réveille et je prépare mon sac de sport pour aller nager. Arrivée sur place, “horreur“, j’ai oublié de m’épiler ! Les jambes, ça passe ; les aisselles, je peux garder les bras le long du corps avant de me mettre à l’eau, mais le maillot, NAN !!! Pas possible. Honte sur moi ! Même si c’est assez discret, je ne me sens pas nette. J’ai pas envie qu’on trouve ça dégueu, pas féminin et qu’on me regarde de travers. Non, vraiment, je ne peux pas y aller.
Je me rhabille, je remballe mes affaires et je me casse.
Une fois dehors, j’empoigne mon vélo et je serre les dents : « Pfff, c’est pas possible, pourquoi je cède à ça ? Pourquoi je me prive de me faire du bien juste à cause de
quelques poils sur mon corps ? ». Et pourtant, la pression est trop forte. Je rentre chez moi. »
Dans ce projet photographique, je m’interroge sur les codes et les conditionnements de notre société mais également sur ce qui définit la féminité. Car même si cela peut sembler anecdotique, le poil est en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt de toutes une série d’impositions culturelles et sociales mais également de bénéfices économiques. L’épilation, c’est aussi un business juteux dont les bénéficiaires n’ont eu de cesse de marginaliser les femmes étant à l’aise avec leurs poils. Or, peu importe qui l’on est, nous avons le droit de faire le choix de l’épilation ou non.
Cette série de 4 photos propose donc de visibiliser le poil féminin et d’habituer notre regard à voir des femmes avec ou sans poils,
sans préjugés. Car aujourd’hui, on en a presque oublié que la pilosité, c’est juste normal et que ce n’est certainement pas l’antithèse de la féminité.