DIDIER VINDEVOGEL

Pigments de lumière

À certains moments du jour, la lumière entre chez moi comme un visiteur discret. Elle effleure les murs, traverse les rideaux, projette des ombres aux contours incertains. La maison devient alors un théâtre silencieux, où le quotidien se métamorphose en tableaux.

Cette série est née de ces instants suspendus où la lumière transforme l’espace sans bruit, sans artifice. Pour en révéler toute la subtilité, j’ai utilisé un objectif vintage, dont les imperfections optiques ajoutent une chaleur diffuse, une texture douce, presque veloutée. Le rendu s’en trouve délicatement altéré, comme passé au filtre du souvenir.

Les images qui en résultent évoquent parfois des peintures abstraites ou des fresques effacées : formes floues, géométries hésitantes, teintes d’ocre, de jaune et de blanc. Tout y est vrai, mais rien n’y paraît figé ni totalement réel.

J’ai voulu capter ces scènes, non pas pour documenter, mais pour traduire une sensation. Pour retenir quelque chose d’éphémère, d’intime, et inviter à poser un

autre regard sur l’ordinaire.

Pigments de lumière est une exploration intuitive : celle d’un lieu familier transfiguré par la lumière naturelle. L’appareil devient pinceau, l’objectif, un verre ancien teinté de mémoire, et la maison, une toile mouvante offerte à l’émerveillement.

Caroline Dechamps