Sibylle De Meeus

La ferme du moulin.

 Dimanche matin. Le café chaud coupé d’un nuage de lait.

Le pistolet croustille sous une couche de beurre salé.

De petits soldats se baignent dans l’œuf à la coque.

Un petit déjeuner de roi grâce à Vincent.

Toute l’année ronde, de l’aube au crépuscule, il veille et il travaille. On dort peu à la ferme du moulin. 5h du matin quand le soleil se lève, par tous les temps, jusqu’à dix heures du soir, bien après la tombée de la nuit, lorsque Vincent fait une dernière ronde, avant sa nuit à lui, et que tout recommence le lendemain.

Avec ses pies rouges, ses blondes aquitaines et sa basse-cour, Vincent accomplit ces miracles qui enchantent nos papilles et revigorent nos organismes maltraités, mutilés par la malbouffe.

Vincent il les connaît ses vaches. Il les aime ses filles, il les gâte et les dorlote.

Et elles le lui rendent bien. Marguerite la fugueuse, Raksha l’énergique, Duchesse la lascive, Minnie la gourmande, Trompette la chatouilleuse, Noisette prête à vêler et toutes les autres, leurs yeux de jais dirigés vers Vincent ou bien vers nous, les visiteurs.